Grand merci au Père Geoffroy de la Tousche, pour cette initiative, répondant en cela au
Pape François qui réunit aujourd’hui au Vatican les présidents Mahmoud Abbas et
Shimon Peres pour un temps de prière pour la Paix .
Le Pape François replace ainsi les Eglises, toutes confessions confondues, dans leurs
missions de Paix .
Récemment déjà je l’ai entendu défendre la cause des migrants et condamner
l’indifférence des nations face à ces milliers d’ enfants de femmes et d’hommes qui
meurent en mer sur des embarcations de fortune pour échapper à la misère .
Aujourd’hui je vais vous parler d’ Abraham le père des trois grandes religions
monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’ Islam.
J’aimerai montrer l’aspect intemporel du texte sacré de la Bible et combien les valeurs
morales incarnées par Abraham devraient être celles de l’ Humanité de tous temps
Nous allons remonter dans le temps – 2000 ans avant l’ère chrétienne.
Né à Ur en Mésopotamie, il va quitter ce pays à l’ appel d ‘Hachem ( une des
dénominations de Dieu en hébreu – celle que j’utiliserai dans mon propos ) .
En hébreu cet appel se dit « Lehr Lehra » , que l’on pourrait traduire par "va et quitte" .
Il a fallu à Avram ( son nom à ce moment de son histoire ) avoir le courage de laisser
derrière lui un certain confort, des racines familiales, remettre en cause une éducation,
l’idolâtrie matérielle qui l’entourait .
Il y a ici une grande leçon à tirer : pour devenir Abraham il faut avoir le courage de
quitter ses certitudes, son attachement au monde matériel, ne pas aller vers la facilité
idolâtre de la vie où seuls comptent l’égoïsme, l’indifférence et le non respect de l’autre.
A la manière d’ Hachem, savoir laisser de l’espace en nous pour accueillir l’autre
( Tsimtsoum ).
Immédiatement l’histoire d’Avram illustre ce Lehr Lehra biblique : il devra se séparer de
son neveu Loth, à qui Avram donnera le choix pour s’installer en pays de Canaan .
Loth choisira la facilité, les biens matériels, se laissera guider par ses yeux ( les
meilleures terres, des sources d’eau ) et ira vivre dans les villes Sodome et
Gommorhe . Nous savons tous ce qu’il en advint.
Avram préféra le monde de la spiritualité, de l’étude, de l’effort de l’amour de son
prochain.
Et son destin va basculer . Au cours d’un voyage en Egypte, la princesse Agar fille du
pharaon de l’époque s’attachera à Saraï la femme d’Avram.
Saraï ne pouvant avoir d’enfant décida de donner pour épouse Agar à Avram. De cette
union naquit ISMAEL premier fils d’ Avram .
A ce moment de leur histoire les noms d’ Avram et de Saraï changèrent, pour signifier
que leurs destins seront maintenant scellés par Hachem.
Avram devient Abraham et Saraï Sarah ( aux deux noms est ajoutée la lettre Hé
hébraïque … riche d’enseignement ) .
13 ans plus tard Abraham apprit qu’il allait être père à nouveau mais cette fois avec
Sarah.
Là se trouve un très grand enseignement, une énorme leçon que nous ne devons pas
oublier : les premiers mots d’ Abraham en apprenant par Hachem lui même qu’il aurait
une descendance de Sarah, qu’il devra appeler ISAAC, ne furent pas de remercier
Hachem, de se réjouir mais ( je cite Genèse 17 verset 18 ) : « Que vive Ismael devant
Ta face Hachem » véritable élan d’amour inconditionnel pour Ismaël.
Et Hachem de le rassurer ( Genèse 17 versets 20 ) « Je bénirai Ismael, je le rendrai
fécond et le multiplierai à l’infini ; il engendra 12 princes et je ferai de lui une grande
nation ».
Voilà tout est dit, l’histoire est écrite elle est scellée. Même, Ismael sera par béni par
Hachem avant Isaac.
Ismael donnera naissance au peuple et nations que nous connaissons aujourd’hui .
Il faut savoir que l’histoire d’ Abraham et d’Agar ne s’arrêtera pas là. Il est dit dans la
tradition orale, qu’après la mort de Sarah, Abraham prit une autre femme que la Bible
appelle Ketura mais qui n’était autre qu’ AGAR et qu’ ils eurent ensemble six autres
enfants .
Il est important pour tous les croyants de se rappeler l’histoire, ces évènements
bibliques.
Perpétuer l’enseignement, continuer les engagements .
Alors, loin de moi la prétention de connaître les voies qui pourront conduire à la paix
entre nos deux peuples . Je sais seulement que :
Isaac et Ismael étaient frères . Il fallait qu’ils se séparent pour grandir et devenir
nation.
Mais ils doivent toujours se rappeler d’où ils viennent , combien leur père Abraham les
aimait tous deux de la même façon et que leur foi est commune .
Tous deux ont été bénis par Hachem.
A tous deux il a été promis prospérité et paix .
Tous deux Ismael et Isaac se sont réunis pour pleurer ensemble autour de la dépouille
de leur père Abraham .
Tant de liens nous unissent, tant d’histoire commune .
Tout comme Hachem faisons en nous un espace pour que nous puissions vivre
ensemble .
Tout comme Abraham, notre père commun aux chrétiens musulmans et juifs, nous
devons être capable de faire vivre en nous et autour de nous cet enseignement de
« Lehr Lehra » :
Avoir le courage d’accepter nos différences, de renoncer à certains de nos acquis, de
vouloir vivre ensemble sur une terre commune dans une quête permanente de
recherche de ce qui nous unit, une volonté de fraternité et d’amour .
Nous pouvons avoir des projets d’avenir commun pour nos enfants, pour nos pays .
Pour vivre tous ensemble, nous devons apprendre à partager et entreprendre des
projets communs.
Je rêve d’une région où enfants palestiniens et enfants israéliens iront à l’école
ensemble, comprenant que seules l’éducation, la culture et l’intelligence leur garantiront
un avenir serein et de paix .
Ne considérons pas toujours ce qui est matériel comme primordial : nous avons une
spiritualité commune et un avenir à construire .
Ne décevons pas notre père Abraham, ni ses deux fils Ismael et Isaac.
Deux mots si proches signifiant PAIX :
SALAM et CHALOM
ùìåí
En hébreu Chalom s’écrit par quatre lettres, chacune donnant sens à ce mot :
La première la lettre Chine ùqui rappelle le mot CHEMA qui signifie « écoute » - la
paix passe par l’écoute les uns avec les autres, écoute et respect .
La deuxième lettre Lamed ì est la seule lettre de l’alphabet hébraïque qui s’élève au
dessus de la ligne d’écriture. Sa symbolique de forme, complète l’enseignement : il faut
savoir s ‘élever au dessus de ce qui nous différencie pour trouver le chemin de la Paix.
La troisième lettre le Vav å sixième lettre de l’alphabet nous ramène au sixième jour de
la création, celui de l’Homme : le chemin de la Paix appartient à l’ Homme à qui
Hachem à donner les moyens de le réaliser.
Et enfin la quatrième lettre Mem final í, lettre complètement fermée symbole de
l’unité vers laquelle doivent tendre tous les peuples désireux de vivre en Paix.
La paix est à ce prix : ne nous attachons pas au monde matériel, cherchons ce que
nous avons en commun, avançons ensemble sur la route qui nous conduira vers cette
unité de l’Humanité de demain .
Comme le disait le Roi Salomon dans l’ Ecclésiaste : « … il y a un temps maintenant
pour la Paix »…
Fasse qu’Hachem entende nos prières de Salam et de Chalom, celles que nous faisons
aujourd’hui en cette église, celles qui se font de par le monde, celles du Pape François,
des présidents Mahmoud Abbas et Shimon Peres.
AMEN …
Erik Schando