SOLENNITE DES SAINTS PIERRE ET PAUL
28.29 JUIN 2014
« Regarde-nous bien » ! Il n’y a aucune arrogance chez Pierre, le pécheur repenti et
touché par la miséricorde de Dieu depuis le jour de la résurrection de Jésus.
L’infirme regarde. Il attend, probablement surpris par l’autorité de cet homme. « Au
nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche ». Pierre le prend par la main, le
relève et l’homme marche. Pierre est devenu un ressuscitant ! Il participe de tout son
être à la résurrection des hommes, par le nom de Jésus.
Voilà la mission des chrétiens. Encore faut-il qu’ils soient touchés par la
résurrection du Christ. C’est-à-dire avoir fait l’expérience de la profondeur abyssale
de leur péché et laisser le Christ plonger plus profondément encore dans leur coeur
pour y manifester sa miséricorde, son amour et le pardon du Père. Depuis quelques
années, j’entends un nombre croissant de catholiques se demander quand la
prophétie de Marthe Robin s’accomplira, à savoir quand la France touchera le fond
pour repartir de plus belle. Beaucoup analysent les propos de cette grande mystique
en affirmant que tout cela arrivera en raison de la nullité du président de la
république, de l’état délétère de l’assemblée nationale, du sénat, des partis politiques
et de l’économie des tous pourris. On attend alors une grosse explosion, une énorme
humiliation, dans la jouissance sous-entendue, préétablie que ce sera aux catholiques
de dire « on vous avait pourtant prévenu ». Nous pourrons alors faire un bon cours
de morale dans l’espérance d’une restauration d’un ordre national-catholique. Eh
bien, je suis au regret de vous dire que cette analyse est diabolique. Elle n’a aucun
sens, aucune profondeur théologique et n’est habitée par aucune réalité divine. Car
la prophétie de l’anéantissement a déjà été vécue par le Christ. Le Christ a plongé
dans les entrailles de l’humanité pour en vivre pleinement et pour les sauver. Alors
la prophétie de Marthe Robin sur l’anéantissement de la France ne s’accomplira que
lorsque tous les catholiques de France, sans exception, bloqueront les prêtres dans
les confessionnaux pour qu’ils puissent dispenser généreusement la miséricorde de
Dieu. « De l’or et de l’argent, je n’en ai pas », mais « par le ministère de l’Eglise, je
te pardonne tous tes péchés ». Ce n’est que dans la vie des sacrements et notamment
du sacrement de la réconciliation que l’on comprend que le Christ, par sa souffrance,
est le seul à pouvoir non pas justifier mais éclairer la nôtre. C’est par ses souffrances
que nous sommes sauvés, dit saint Pierre. Voilà le ministère de Pierre, le ministère
du prêtre, le ministère de la résurrection confié aux Apôtres par le Christ qui est le
seul à avoir vaincu la souffrance et la mort.
Voilà ce que le diable veut empêcher dans le coeur des hommes : la réconciliation,
l’unité, la paix.
Alors, en bons catholiques, nous avons plein de très bonnes idées et de grandes
paroles déclaratrices pour manifester notre horreur devant la société, mais pour
autant les confessionnaux de Saint-Jacques sont vides ou alors parfois dépoussiérés
par des personnes âgées qui indiquent qu’à leur âge elles ne font pas beaucoup de
péchés, comme pour diminuer l’éventuelle punition du châtiment divin. Mais le
confessionnal n’est pas une chambre de torture ! Il est le lieu de la mort au péché, le
lieu de la vie donnée, le lieu de la résurrection, le lieu de la vie ! Choisissons la vie,
comme Dieu le proposait déjà à Moïse dans la première Alliance.
Cette semaine la France a chuté de plusieurs paliers d’anéantissements et j’espère
qu’aucun d’entre vous ne s’en est réjoui.
Tout d’abord le Conseil d’Etat a ordonné l’assassinat d’un homme ne pouvant pas se
défendre.
Ensuite les jurés d’une Cour d’assises ont acquitté un médecin qui avait assassiné 7
personnes par compassion.
Ensuite le Gouvernement français a déclaré qu’il ne contesterait pas l’arrêt de la
Cour Européenne de Justice condamnant la France à reconnaître les enfants nés de
mère porteuse à l’étranger alors que c’est illégal en France.
Et pour enfoncer le clou, les chiffres du chômage atteignent des sommets
dramatiques.
Tout cela en quelques jours : tous les sujets les plus graves de l’humanité sont
atteints : la vie, la mort, l’avenir, l’espérance, la famille, la dignité, le travail.
Alors aujourd’hui, je voudrais vous inviter à sortir de notre léthargie, de nos
sommeils, de nos attitudes soi-disant choquées mais qui ne changent rien.
Ce qui est annoncé, c’est l’euthanasie, la mort soi-disant assistée.
Voici ce que le monde nous dit, à nous les infirmes de la société : « l’or et l’argent,
j’en ai et je ne te le donne pas. Ce que je te donne, c’est la mort ». Pas de vie, pas de
famille, pas de travail, pas d’espoir.
Oui mais à la Belle Porte du Temple de Jérusalem, quand Pierre est témoin de
l’horreur de cet infirme, que lui dit-il ? « Regarde-moi » et « au nom du Christ lève
toi ».
Alors je voudrais vous dire la même chose maintenant : « Regardez-moi ». Et « au
nom du Christ, levez-vous ».
Cela veut dire : Non à l’euthanasie. Oui à l’Anastasie !
Non à la mort, oui à la résurrection.
Répétez après moi : Non à l’euthanasie, oui à l’Anastasie !
Non à la mort, oui à la résurrection.
Voilà le message de l’Eglise. C’est le message de la résurrection. Nous n’avons rien
d’autre à donner. Et rien d’autre à proclamer. Ne rentrons pas dans les discussions
sur le niveau de souffrance, sur l’état de l’avancée de la maladie de nos conjoints,
sur le niveau du chômage, sur les drames de nos familles. A Dieppe, engageonsnous,
comme Pierre et Paul, sur le chemin de la vie, de la résurrection.
Ceux qui ont voulu tout contrôler, de la naissance à la mort, en passant par la famille
et le travail, ce sont les nazis. Alors pourquoi un médecin-ministre qui a porté des
sacs de riz à des somaliens ose-t-il dire qu’il faut supprimer le mot euthanasie parce
qu’il y a le son « nazie » dans le terme ? C’est bien parce qu’il faut cacher l’horrible
réalité de ce que l’on est en train d’imposer à une humanité qui ne peut plus rien
décider pour elle-même : ni vivre, ni mourir, ni manger, ni travailler. Ce ministre
regretterait-il d’avoir sauvé ces enfants en train de mourir ? Il veut instaurer un
discours avec des mots doux pour bien continuer de nous endormir, tout en nous
donnant du pain et beaucoup de jeux pour nous interdire de réfléchir et de réagir.
Ces décideurs contemporains veulent-ils entrer dans l’histoire par l’annulation de
notion de crime contre l’humanité pour arriver à la mort de l’humanité ?
Sans foi, ni loi, parce que sans la foi, les lois n’ont plus de sens. Voilà ce à quoi nous
assistons. J’aurais aimé prononcer des mots plus agréables pour cette solennité des
grands apôtres. Je pense que j’aurais alors dénaturé l’évangile en vous donnant un
peu d’or et d’argent. Alors que le Christ ne demande à Pierre que d’accepter et
recevoir son amour gratuitement, sa résurrection gratuitement, sa miséricorde
gratuitement. Si nous voulons que la loi change, il n’y a pas mille façons, les
manifestations et les pétitions ont montré leur inefficacité: il faut proposer Dieu,
pour que la France retrouve la foi et de là réordonne sa loi en faveur de la vie.
La fin du monde arrive parce que les catholiques ne sont pas moins opposés à
l’euthanasie que ceux qui n’ont pas la foi. La fin du monde arrive parce que les
catholiques ne se confessent plus et ont honte de dire qu’ils ont besoin de la
miséricorde de Dieu et qu’ils veulent s’en sortir par eux-mêmes, sans sauveur ni
ministre. Alors il n’y a plus de prêtre, plus de confesseur. Il y a des serviteurs de la
religiosité mais pas des apôtres de la miséricorde. Demandez aux prêtres de pouvoir
vous confesser et les vocations sacerdotales afflueront ! Car les prêtres feront leur
boulot de prêtre et les laïcs leur boulot de laïc.
Tous alors, nous bénéficierons de la miséricorde de Dieu :
alors l’humanité se lèvera et adorera Dieu en esprit et en vérité ;
alors l’humanité proclamera que Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant.
« La puissance de la mort ne l’emportera pas sur [l’Eglise] », parce que les membres
de l’Eglise seront tous des témoins de l’Anastasie, de la résurrection.
Non à l’euthanasie, oui à l’Anastasie.
Non à la mort, oui à la vie.
Amen
Geoffroy de la Tousche
Curé de Dieppe