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DIMANCHE DE PAQUES 20 AVRIL 2014

RESURRECTION DU SEIGNEUR

Eglise Saint-Jacques

En 1965, il y a 50 ans, le Pape Paul VI et les 2500 évêques réunis à Rome pour

le Concile Vatican II, ont signé un document d’une très grande importance qui

commence ainsi :

Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce

temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les

joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et

il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur. Leur

communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le

Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du

Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La

communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement

solidaire du genre humain et de son histoire.

Aujourd’hui, jour de Pâques, nous sommes invités à rejoindre les joies et les

peines de nos contemporains, leurs tristesses et leurs angoisses. Car nous avons

reçu une nouvelle que nous ne pouvons pas taire et qui peut rejoindre le coeur de

tout homme : la mort a été engloutie !

Au matin de Pâques, il y a 2000 ans, ceux qui avaient décidé que la souffrance

devait se taire, ceux qui voulaient écraser l’amour, ont compris qu’ils avaient

perdu. Et c’est de cela dont nous sommes les témoins. La résurrection de Jésus

n’est pas un acte légendaire ou une pièce de théâtre qui se terminerait par un

quatrième acte témoignant que tout est le mieux dans le meilleur des mondes.

Les chrétiens ne sont pas les bisounours de la religion mais les témoins en leur

propre chair de la puissance de vie que Dieu veut nous donner comme il l’a

donné à son Fils Jésus.

Nous n’avons pas d’autre message à donner au monde que la puissance de la

vie. Alors nous nous faisons les ambassadeurs indignes de la charité et de la

compassion. Alors nous rejoignons nos frères et soeurs malades, en souffrance,

fatigués, désespérés, pour leur manifester que nous sommes à leurs côtés comme

le Christ est aux côtés de chacun d’entre nous. Telle est notre foi. Telle est la

motivation qui donne sens à notre présence aujourd’hui dans cette église Saint-

Jacques. Sinon, comme dit saint Paul, nous sommes les plus à plaindre des

hommes. Parce que si le Christ n’est pas ressuscité des morts, alors notre foi est

vaine, vide, creuse, sans intérêt, ni lendemain.

En ce jour de Pâques, l’Eglise ne nous demande pas d’oublier ce combat de

l’homme pour la vie mais au contraire de l’habiter et de lui donner sens.

Aujourd’hui, nous sommes appelés à Dieppe à proclamer l’éternité bienheureuse

à laquelle tous les hommes sont appelés par le don gratuit de la vie de Dieu, par

Jésus et avec Jésus.

La vie chrétienne est un appel. Le pape François, à la suite de Pierre et de ses

successeurs, ne cesse de le manifester. La joie qui l’habite n’est pas la joie d’un

niais mais la joie d’un homme de foi. Alors il peut rejoindre l’humanité entière

car ses faits et gestes, ses paroles et ses décisions sont concrets, cohérents,

permanents, épuisants mais vrais. Et c’est cela que notre humanité attend. Elle

n’en peut plus du mensonge qui nous ronge, de la crise de l’homme qui n’a plus

d’espoir. L’humanité aujourd’hui est tout entière lassée, fatiguée, comme un

troupeau sans berger. Le pape François est devenu un repère de la joie dans le

monde et pour le monde. Cette joie, sa joie, est l’invitation de ce jour ! C’est la

joie de l’Evangile : une joie qui ne dépend pas de nous, qui se communique

facilement avec des mots simples et vrais, avec des attitudes simples et vraies.

Voilà ce dont nous sommes les porteurs ! Voilà ce que nous devons donner au

monde. Faites l’exercice un jour de dire à une personne qui vous raconte ses

misères, que vous allez prier pour elle, pour que l’amour de Dieu vienne la

visiter et lui redonner espoir. Vous serez surpris ! Vous ouvrirez des tombeaux !

En ce jour de Pâques, les commentaires antiques indiquent tous qu’il n’est pas

permis de pleurer aujourd’hui. Cela ne veut pas dire qu’il faut mettre entre

parenthèses hypocrites ce qui nous fait mal, ce qui nous désole, ce qui nous

divise. Cela veut dire au contraire, que ce jour doit être consacré à la

consolation, au pardon. Aujourd’hui vous pouvez écrire un mot à votre frère à

qui vous ne parlez plus depuis des années. Aujourd’hui vous pouvez rendre

visite à la voisine de palier qui ne sort plus jamais de chez elle. Aujourd’hui

vous pouvez prendre vos enfants dans vos bras et leur dire combien vous les

aimez. Aujourd’hui vous pouvez décider de changer de place à la messe chaque

dimanche pour faire la connaissance de nouveaux frères et soeurs. Aujourd’hui,

vous pouvez décider de vous confesser plus souvent pour ne vivre que du

pardon de Dieu offert par Jésus. Aujourd’hui, nous sommes invités à renouveler

notre baptême en redisant à Jésus que nous voulons être fidèles à l’alliance

éternelle avec Dieu.

Allons encore plus loin : dans une semaine, nous aurons la joie d’avoir deux

nouveaux saints que nous avons presque tous connus : Jean XXIII et Jean-Paul

II. Rendons grâce à Dieu pour ces saints papes du 20e siècle ! Rendons grâce à

Dieu pour le pape Jean XXIII qui a sorti l’Eglise des carcans rigoristes du

jansénisme ! Rendons grâce à Dieu pour le pape Jean-Paul II qui a sorti la moitié

de l’Europe du communisme. C’est notre mission d’ouvrir des tombeaux ! C’est

notre mission de chrétiens de permettre que les hommes et les femmes de

chaque époque soient libres et libérés, que leurs intelligences ne soient

contraintes par aucune idéologie et qu’ainsi leurs coeurs puissent choisir en

vérité celui qui vient les sauver. C’est notre mission de chrétiens de dénoncer les

injustices, les enfermements et les habitudes nocives. C’est notre mission de

chrétiens d’éveiller le monde à l’amour de la terre et le respect de

l’environnement. C’est notre mission de chrétiens de défendre toute vie humaine

depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. C’est notre mission de chrétiens

de faire respecter l’homme au coeur de chaque processus de production

économique.

Tout cela vient de la joie du matin de Pâques. Les sentiments sont confus, on a

du mal à y croire, pourtant le tombeau est bien vide. Mais voici que Jésus va

apparaître à ceux qui ont le plus besoin de sa miséricorde : Marie Madeleine, la

grande pécheresse, et Pierre le grand traitre. Cette femme et cet homme

représentent l’humanité entière qui pleure sur son péché, regrette ses fautes et

espère entendre un jour quelqu’un lui dire : « je te pardonne ». Marie Madeleine

et Pierre vont alors être profondément renouvelés dans leur existence : ce n’est

plus le péché qui gèrera leur existence, mais la vie de Jésus. La résurrection de

Jésus permet de se détourner de son nombril et de ses misères pour ne vivre

qu’avec le nom de Jésus : Dieu sauve ! Alors Marie Madeleine et Pierre vont

parcourir la terre connue de l’époque pour venir témoigner jusqu’à Vézelay et

Rome de la puissance de la résurrection. Rien ne les arrêtera. La mort elle-même

ne sera pas un obstacle à la vérité du Christ. Au contraire ! Ces deux

personnages si complexes de l’Evangile sont même devenus les apôtres de la

miséricorde de Dieu qui s’étend d’âge en âge et qui fonde notre joie de ce jour.

C’est cette miséricorde de Dieu qui enracine la joie dans notre existence.

Rendons grâce à Dieu d’en être les témoins !

Prions alors tous ensemble ! Seigneur, nous te prions pour Dieppe, nos familles,

nos amis, nos collaborateurs, nos voisins et nous-mêmes : ouvre nos tombeaux

pour nous faire vivre de ta miséricorde et de ta joie !

Geoffroy de la Tousche

Curé de Dieppe

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